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     Tout enfant connait l’histoire du Loup, de la chèvre et de ses 7 chevreaux.

    Tout enfant pense donc en connaître la véritable fin : le ventre lourd des pierres qu’y a placées la chèvre, le loup se noie lamentablement dans le puits où il est allé chercher quelques apaisements à son indigestion ; après quoi, la chèvre et ses sept chevreaux se mettent à danser et crier autour du puits : « Le loup est mort, c'en est fini de lui ! »

    Or, il n’en fut rien !

    À force de se débattre, et grâce à sa malice, le loup réussit à retirer les pierres de son ventre, à revenir de sous les eaux et à remonter le puits. Après quoi, l’animal, honteux et confus, rejoignit le calme et la sécurité de sa sombre tanière où l’attendaient ses sept petits louveteaux qu’il aimait comme chaque père aime ses enfants.

    Les mois passèrent, et chacun vécut dans l’oubli de cette mésaventure.  Les saisons se succédèrent, l’hiver revint et la faim, de nouveau, se fit sentir.

    Un jour de grand froid, le loup voulut aller dans la forêt pour rapporter quelque chose à manger pour lui et ses petits. Il les rassembla tous les sept et leur dit :

    « Mes petits louveteaux, je dois aller dans la forêt. N’ouvrez à personne. Surtout, prenez garde au chasseur ! S'il arrivait à rentrer dans la maison, il vous tuerait sans remord. Ce bandit sait montrer patte blanche et prendre une voix douce pour vous enjôler, vous endormir et pire encore… vous tuer ! Ne vous y tromper pas : moi, j’ai une voix rauque et des pattes noires, c'est ainsi que vous me reconnaîtrez.

    — Ne t'inquiète pas, papa, répondirent les louveteaux, nous ferons bien attention. Tu peux partir sans crainte. »

    Le loup hurla de satisfaction et s'en alla chasser.

    Peu de temps après, quelqu'un frappa à la porte en criant :

    « Ouvrez la porte, mes chers enfants, c’est moi, votre papa, et je vous rapporte à tous un petit quelque chose. »

    Mais les louveteaux n’ouvrirent pas, pensant reconnaitre le chasseur à sa voix douce.

    « Nous ne t'ouvrirons pas, crièrent-ils. Tu n'es pas notre papa ! Notre papa a une voix rauque et effrayante et ta voix est douce. Tu es le chasseur ! »

    En vérité, ce n’était le chasseur, mais la chèvre ! Celle-ci était passée à quelques mètres de la tanière au moment où le loup en était sorti. L’ayant reconnu, la pauvre mère avait frémit de tout son corps pour ses sept jolis petits chevreaux – qu’elle avait pourtant mis en sécurité haut dans la montagne, trop haut pour qu’un prédateur tel que le loup, tout aussi affamé fut-il, pût les trouver. Sitôt ses esprits retrouvés, lui était venue l’idée d’une leçon qui ferait passer pour de bon au loup, toute envie de manger quelques autres petits d’animal que ce fut.

    Cependant, sa leçon ne pourrait être dispensée si les louveteaux continuaient à se méfier et lui garder la porter de leur maison fermée.

    Alors la chèvre partit au cœur de la forêt où elle se mit à crier tout son souffle. Elle bêla tant et tant que sa voix devint plus rauque. Elle revint ensuite vers la sombre tanière, frappa et appela à nouveau :

    « Ouvrez la porte, mes enfants, c’est moi, votre père, et je vous rapporte à tous quelque chose. » Mais tout en parlant, elle posa sa patte blanche sur le rebord de la fenêtre.

    Les louveteaux l'aperçurent et crièrent :

    « Nous ne t'ouvrirons pas ! Notre papa n'a pas les pattes blanches comme toi ! Tu es le chasseur ! »

    Alors, la chèvre courut chez le boulanger et dit : « J’ai besoin de pain pour nourrir mes pauvres petits chevreaux. Peux-tu m’en vendre un ? » Le boulanger lui vendit un pain dont la chèvre retira la mie pour se recouvrir la patte, puis elle courut chez le charbonnier : « J’ai besoin de charbon pour allumer un feu et réchauffer mes pauvres petits chevreaux. Peux-tu m’en vendre un seau ? » supplia-t-elle à son tour. « La pauvre mère ! À sa voix rauque, je vois qu’elle est bien malade… », pensa le charbonnier, et il lui offrit le seau de charbon. La chèvre le remercia et noircit sa patte recouverte de mie de pain une fois sortie du magasin.

    Pour la troisième fois, la chèvre arriva à la porte de la sombre tanière, frappa et cria :

    « Ouvrez la porte, mes petits, papa est de retour de la forêt et vous rapporte à tous quelque chose.

    — Montre-nous ta patte d'abord, crièrent les louveteaux, que nous sachions si tu es vraiment notre papa. »

    La chèvre posa sa patte sur le rebord de la fenêtre, et lorsque les chevreaux virent qu'elle était noire, ils crurent tout ce qu'elle avait dit et ouvrirent la porte. Mais c'est… la chèvre qui entra !

    Les louveteaux, plus étonnés qu’effrayés, ne se méfièrent pas de l’étrangère. Aussi, quand la chèvre leur présenta un grand sac rempli de sucreries, tous les sept sautèrent à l’intérieur sans se douter qu’elle s’apprêtait à le refermer sur eux. Lorsqu’elle eut fait un nœud solide, elle ne traina pas et se retira. Non sans mal pourtant : le sac était lourd et les louveteaux se débattaient à l’intérieur, alors la chèvre dans sa sortie renversa la table, les chaises et les bancs, tandis que la vaisselle vola en éclats ou que la couverture et les oreillers des lits traînèrent par terre.

    Peu de temps après, le loup revint de la forêt. Ah, quel triste spectacle l'attendait à la maison ! La porte était grande ouverte et l’intérieur avait été mis sens dessus dessous. Il chercha ses petits, mais en vain. Il les appela par leur nom, l'un après l'autre, mais aucun ne répondit. C'est seulement lorsqu'il chercha dans l’air l’odeur de ses louveteaux qu’il reconnut celle de… la chèvre !

    « Mon Dieu, soupira-t-il, c’est donc elle qui me les a ravis ! Mes petits, mes pauvres petits que j’ai cru tués par un chasseur… Ils sont donc toujours en vie ! »

    Encore tout étourdi de sa méprise, le loup sortit de sa sombre tanière et trouva les empreintes de la chèvre sur le sol qu’il suivit.

    Dans une clairière, la chèvre se tenait près d’un arbre. Le loup la vit de loin et observa que quelque chose bougeait et grouillait dans un gros sac qu’elle gardait jalousement.

    « Mes petits, mes pauvres petits ! bavait le loup, plus de peur que de rage.

    — Tu en auras mis le temps ! le stoppa la chèvre.

    — J’ai eu J’ai eu si peur que le chasseur soit venu et les ait tués !

    — Ne t’en fais pas, je ne leur ai fait aucun mal ! »

    Et pour le lui prouver, la chèvre ouvrit le sac, et aussitôt le premier louveteau sortit la tête. Elle l’ouvrit plus grand encore et les sept louveteaux en sortirent, l'un après l'autre, tous sains et saufs, le sourire aux babines et des restes de bonbons coincés entre les dents. Quel bonheur ! Les louveteaux se blottirent contre leur terrible papa qu’ils couvrirent de baisers.

    La vieille chèvre poursuivit :

    « Vois-tu cette peur qui te tenailla le ventre et te fit devenir fou quand tu crus que tes petits avaient pu mourir sous les coups du chasseur… ? C’est cette peur que j’ai ressenti l’an passé quand tu as dévoré mes chevreaux ! C’est cette peur que nous ressentons tous quand nous laissons nos chers petits pour aller dans la forêt ou la prairie chercher quelques provisions !

    — Je comprends, réalisa le J’ai eu si peur pour eux ! » Puis il ajouta :

    « Je jure, espérant qu’il ne soit pas trop tard, que l’on ne me prendra plus à dévorer les petits de mes congénères. De la forêt comme de la prairie !

    — Bien, tu sembles avoir compris ! Que cette histoire te serve de leçon, conclut la chèvre.

    — Oui ! Papa a compris, c'en est fini de sa gloutonnerie ! » chantèrent les louveteaux avant de se mettre à danser autour du Loup.

    Et, croyez-le ou non, la chèvre dansa avec eux.


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  • #15. Pluriel.le.


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  • #14. Tu Sais Quoi


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